L’homme serait obligatoirement fort, intelligent, prêt à défendre sa famille, sa patrie. Il devrait dès sa plus tendre enfance se préparer à affronter le monde vaillamment pour fonder un foyer, en réussissant sur tous les plans, professionnels, sociaux, amoureux, et bien d’autres. L’homme qui représente l’espèce humaine dans toute sa splendeur ne peut pas se laisser aller à la décadence, à la mollesse, et doit se positionner en héros, en conquérant, accumulant par ailleurs les prouesses sexuelles et un charisme à toute épreuve.
Autant dire que les stéréotypes attribués aux hommes mettent parfois la barre un peu haut, laissant les petits garçons dubitatifs quant aux exploits qu’ils devront réaliser tout au long de leur parcours scolaire, sur les bancs et dans la cour de l’école, avant de s’affirmer plus tard comme des leaders, que ce soit au sein de la communauté ou plus intimement dans le cadre de leur maison. Tous petits déjà ils jouent à la guerre, spontanément dit-on mais il y a fort à s’interroger sur le processus qui les conditionne ainsi de générations en générations. Des siècles de comportements et d’idées reçues vis-à-vis des hommes ont finalement persuadés l’ensemble de la planète qu’ils étaient parfaitement doués pour certaines fonctions et très peu pour d’autres. Les hommes seraient donc carriéristes, bagarreurs, volages, imposants, pas toujours enclins au romantisme, oubliant toutes les dates importantes de leur vie amoureuse mais certainement pas celles de leur progression professionnelle. Ils seraient aptes à la mécanique, au football, aux mathématiques bien plus que leurs compagnes. Leur rôle se situerai en dehors du foyer, ils ne s’encombreraient pas des tâches ménagères, veillant sur l’éducation des enfants sans avoir à faire la nourrice, apportant la part virile et imposante de son image pour que tout tourne rond au sein de la famille. Un tableau vraiment dépassé de nos jours, même si, lorsque les rôles sont inversés, l’ensemble de la société grince encore un peu des dents. Les hommes ne pleureraient pas et surtout ne devraient pas pleurer. Un homme qui pleure ayant tendance à déstabiliser l’ensemble d’un groupe ou d’une société, qui compte sur lui pour transmettre des valeurs de force, de supériorité qu’elles soient physiques ou morales. Un homme c’est fort, dans tous les sens du terme. Le challenge, qui s’est ainsi installé ancestralement, à la vie dure, et les hommes n’ont de cesse d’avoir à prouver qu’ils sont capables de tout affronter, quitte à se comporter en parfait goujat, un autre critère peu flatteur dont il est affublé.
Il semble que l’homme soit plus aventureux et aventurier que la femme. Il brave ainsi une foule d’obstacles pour arriver à ses fins, quelles qu’elles soient mais aussi pour parcourir la planète et vivre des expériences inédites que sa seule condition d’homme lui permette de supporter. Il est résistant physiquement et intellectuellement. D’ailleurs le premier des préjugés qui concernent les hommes est justement de ne pas reconnaître comme « préjugé » ce qui leur est demandé d’être, mais plutôt comme une pression de la part de la société. Leur supériorité en bien des points ayant été, croit-on, validée depuis la nuit des temps. Les hommes ne doivent pas dévoiler leurs faiblesses, ou alors vraiment dans l’intimité la plus profonde, sous peine de se faire ridiculiser et de perdre toute crédibilité au sein de la communauté. Les hommes en carence de ce type de comportements sont stigmatisés et montrés du doigt. On grimace et chuchote sur leur passage. Certaines communautés les rejettent carrément et n’acceptent pas ce qui est perçu comme une défaillance de leur part, selon les schémas, les us et coutumes. Ils doivent parfois se cantonner à ce rôle qui leur a été attribué en fonction de leur sexe, pour pouvoir traverser la vie conformément aux stéréotypes édifiés.
Même si la tendance est à l’assouplissement et la compréhension quant au fait que les hommes soient des êtres humains comme les femmes, le chemin à parcourir pour éliminer la plupart des préjugés dont ils font l’objet, est colossal. S’ils grignotent aujourd’hui du terrain, s’autorisant de plus en plus à se laisser aller à des considérations plus sensibles, affectives, tendres, il n’en reste pas moins que la pression quant à leur « réussite » sur tous les plans est toujours bien présente !