Construites à partir des années 60, elles se sont étendues, tentaculaires et enserrant les villes, d’une foule de logements sociaux, où les familles s’entassent souvent, à un coût moindre que celui qu’elles paieraient en plein centre ville. Au départ, les HLM ont été construits pour désengorger les villes et offrir des logements décents dans un environnement souvent désert, qui s’est depuis étoffé en routes, rocades, périphéries, immeubles à perte de vue. Dans ces banlieues se retrouvaient alors la main d’œuvre souvent provinciale ou étrangère, venue chercher du travail autour des mégapoles. Il y régnait une ambiance assez conviviale, de quartier, avec commerces de proximité, école pour les enfants et tous les services dont la population pouvait avoir besoin. L’ambiance était assez prospère et bonne enfant, les immeubles fleurissaient, la cohabitation multiculturelle offraient des belles opportunités de rencontres et d’échanges. Le rêve ne durera malheureusement pas si longtemps pour certaines banlieues. Au milieu des années 70 la situation économique se dégrade, la crise et le chômage se propagent. Les banlieues qui comptent principalement des salariés se retrouvent ainsi avec une grande partie de leur population inactive, désœuvrée, et l’intégration des nouveaux arrivants a beaucoup de mal à se faire professionnellement et socialement. La colère gronde, les jeunes passent beaucoup de temps dehors entre promiscuité et proximité, des groupes se forment, les esprits s’attisent, les pouvoirs publics sont pris à partie, et les banlieusards se sentent exclus, pris en otage dans un environnement qui les étouffe, le périmètre des tours étant de plus en plus imposants, et les surfaces habitables accueillant souvent des familles très nombreuses.
Les communautés se regroupent par accointance de citoyenneté, de religions, de milieu professionnel. Ce qui a tendance à les sectoriser et à les couper des autres. Des conflits éclatent provenant de cette multi diversité d’origines et de pensées. Sans compter les rancœurs contre l’ensemble du système, les banlieusards se sentant tout bonnement « lâchés ». D’évènements en coup d’éclats, les banlieues se dressent une réputation assez noire, entretenue par les média qui prennent le relais et informent ceux, qui n’y mettent jamais les pieds ! De nombreux préjugés et clichés voient le jour, teintés de vérités mais le plus souvent largement exagérés et surtout généralisés. Car toutes les banlieues ne souffrent pas des mêmes maux, et ne font pas la «Une» des journaux et des faits divers. Parmi les stéréotypes attribués aux banlieues et à leurs habitants, sont cités une violence récurrente, qui se note aussi bien dans la rue qu’au sein des familles. L’environnement est peu recommandé, la loi du plus fort s’exprimant, semble t’il parmi certains clans, les uns démissionnant, les autres agissant en maîtres tout puissants. La banlieue possède désormais ses codes, ses règles et les non initiés sont priés de passer leur chemin. Voici tout ce qui s’y raconte. Mais plus encore ! Les banlieues sont le théâtre de manifestations permanentes contre les autorités, voitures brulées, pillages, affrontements avec les forces de police, vitres cassées et autresexactions. Les enfants y grandissent dans un univers peu chaleureux, les écoles sont surchargées, les parents défaillants devant la tâche, la drogue circule à flot, les trafics en tout genre alimentent en argent comptant les plus combinards. Il est préférable de ne pas s’y promener la journée et encore moins le soir, sans parler des parkings et des caves franchement infréquentables. Le seul terme de « banlieue » fait froid dans le dos. Pourtant il faudrait apprendre à relativiser, à observer, à analyser correctement tous ces cas particuliers qui font les gros titres de la presse et des média télévisés pour prendre le recul nécessaire et comprendre qu’il existe, dans les banlieues comme ailleurs, une foule de personnes qui souhaiteraient vivre la vie de monsieur Tout-le-monde, sans être montré du doigt par les instances bien pensantes. Les jeunes des banlieues souffrent de cet état de fait qui renvoie d’eux une image peu reluisante. Les plus brillants qui souhaitent s’en sortir sont souvent confrontés au regard peu compréhensif des autres à la seule évocation de leur lieu de vie. Ils sont associés systématiquement à des problèmes sociaux, à la délinquance sous toutes ses formes, et leur identité est d’office dévalorisée. Des préjugés communs, réducteurs et peu encourageants, contre lesquels il leur faut lutter au quotidien !