Tout ceci a largement contribué à faire de quelques particularités de belles généralités, banalisées et qui circulent comme autant d’idées reçues sur les ibériques !
Les espagnols seraient tous des danseurs de flamenco en puissance, cette danse « caliente » qui claque des talons et s’apparente à une belle parade amoureuse, castagnettes et robe virevoltante aidant, tandis que monsieur, savamment guindé dans son costume près du corps, effectue des diversions autour de madame. Une vision culturelle certes, les espagnols revendiquant haut et fort la paternité de cette merveilleuse mise en scène, sans pour autant que la population entière soit capable de la maîtriser. Le flamenco ne s’invente pas, il se travaille, et demande de longues heures d’entraînement et de souplesse pour parvenir à se produire en petit ou grand comité ! De même, les espagnols seraient tous de fervents joueurs de guitare, une passion qu’ils partageraient avec quelques gitans du cru, pour rythmer, entre autres, les pas du flamenco ! Il suffit ainsi de quelques spécificités régionales observées par des touristes ébahis pour que se répande l’idée de l’Espagne toute entière en train de gratter la guitare et de danser du soir au matin. Une idée reçue finalement assez peu compatible avec une autre qui les pense « fainéants » et plus apte à la sieste qu’au travail. Un cliché qui est né du découpage des journées espagnoles, qui diffère un peu de celui de ses voisins, les espagnols ne déjeunant jamais avant 14h, dînant très tard le soir, aimant à s’autoriser une pose en milieu d’après midi, une habitude reprise de génération en génération, ensoleillement et chaleur estivale obligent !
Les stéréotypes culturels sont ainsi nombreux en Espagne, les espagnols étant supposés être tous des barbares adorateurs de corridas, tandis qu’en fait, l’Espagne compte au moins autant de détracteurs de ces manifestations qui font partie des coutumes locales, que dans les autres pays européens. Niveau culinaire, c’est bien connu les espagnols mangent de la paella et boivent de la sangria ! Fort heureusement pour eux, le pays regorge d’autres recettes et d’autres mets cuisinés à merveille grâce aux fruits, légumes et produits du terroir et de la mer. Il se dit que les espagnols sont bruyants, tout ceci à cause de la sonorité particulière de leur langue mais également du débit de celle-ci. Les espagnols roulent de la langue, avalent les syllabes, alignent les phrases, et sont particulièrement prolixes lorsqu’il s’agit de raconter ou d’expliquer quelque chose. Ceci peut aussi être perçu comme une extrême convivialité, chère aux espagnols et à l’image de l’expression « l’auberge espagnole », qui englobe la pensée de voyageurs du monde, se retrouvant chaleureusement, chacun avec sa pitance, dans un site ou un gite dans les villes et campagnes de la péninsule. Cette généralité n’empêche pas que certains espagnols, jeunes ou moins jeunes, cultivent également une part discrète, secrète, voire ténébreuse de leur personnalité ! D’ailleurs les espagnols seraient tous de beaux bruns très méditerranéens, fortement typés, lançant leur regard de braise à tout va ! Un peuple entier de séducteurs et de séductrices, des femmes aux formes arrondies, à la chevelure lourde et au décolleté plongeant ! Bien évidemment un cliché, entretenu par quelques vérités, et contre vérités ! De même les espagnols sont targués d’insouciance, ne se projetant guère dans l’avenir, bien que très religieux et attachés à leur messe dominicale. Tout ceci à cause d’une faculté que tout le monde souhaiterait posséder finalement et qui est celle d’être capable de vivre intensément l’instant présent. Rassurez-vous, il existe en Espagne comme ailleurs, des stressés qui ne savent pas canaliser leur zénitude potentielle.
Ainsi, la vision réductrice des uns ou élargie des autres envers les espagnols, donnent une impression à demi fausse, sur leurs réels us et coutumes, sur leur mode de vie, sur leur personnalité, sachant que chaque région raconte sa propre histoire, et qu’il est préférable de se faire une idée précise en allant à leur rencontre plutôt que de débiter des poncifs quelque peu erronés qui peuvent même s’avérer blessants.